Déficit - Le grand dérapage... contrôlé ?
"Nous ferons tout ce qui est possible pour atteindre l'équilibre budgétaire en 2010", affirmait Nicolas Sarkozy, lors de l'Eurogroupe en juillet dernier, face à des ministres des finances européens plutôt sceptiques. Le chef de l'Etat rassurant leur promettait que la France réduirait son déficit budgétaire à 2,4% du PIB à la fin de l'année 2007. Mais selon les chiffres de l'Insee pour 2007, le déficit budgétaire a atteint 2,7% l'année dernière, a annoncé Eric Woerth vendredi matin sur RTL. Cette hausse du déficit public (Etat, collectivités locales et Sécurité sociale) sera de l'ordre "d'une cinquantaine de milliards d'euros" pour l'année écoulée sur la base d'une dépense d'environ 950 milliards d'euros, a précisé le ministre.
Selon Eric Woerth, cette aggravation du déficit de la France est d'abord liée à un "dérapage des dépenses des collectivités locales" de l'ordre de 0,2 point de PIB. "Il y a une augmentation du rythme de dépenses des collectivités locales qui est compliqué. Elles ne dégagent pas suffisamment d'autofinancement pour financer leurs investissements, il y a un vrai problème, une vraie question que nous devons nous poser". L'autre partie de cette hausse du déficit (0,1 point de PIB) est due à un "retraitement comptable" de la part "des autorités bruxelloises", a ajouté Eric Woerth, sans souhaiter donner de détails. Il a également évoqué "un peu moins de rentrées fiscales" pour l'Etat.
Dette publique "supérieure à la prévision"
Mais pour Didier Migaud, le président PS de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, "l'essentiel de la dégradation" du déficit public est "le fait de l'Etat et des administrations centrales" et non des "collectivités locales". "Les mauvais résultats de 2007 en matière de comptes publics font redouter le pire pour 2008" avec "un déficit supérieur au plafond de 3%" du PIB, a-t-il redouté, ajoutant que les Français doivent se préparer à "subir un plan de rigueur d'une ampleur sans précédent".
Les ministères de l'Economie et du Budget ont également annoncé que le gouvernement a revu à la hausse son objectif de déficit public pour 2008, visant désormais 2,5% du PIB contre 2,3% prévu initialement. Cette décision a été prise "en raison de l'impact conjoncturel sur les recettes d'une croissance un peu moins élevée que prévu", précise un communiqué. "Dans ce contexte économique extrêmement difficile, les finances publiques ne peuvent pas être en équilibre en 2010", a précisé Eric Woerth, en référence aux engagements pris par la France auprès de ses partenaires européens. La France s'était initialement engagée à revenir à l'équilibre dès 2010 mais a finalement obtenu des autres Etats membres de l'UE un délai jusqu'en 2012 au cas où sa croissance ne serait pas assez forte. "L'objectif c'est l'équilibre des finances publiques en 2012, nous ferons tout pour cela et ça passe par une maîtrise intraitable de la dépense publique", a affirmé Eric Woerth.
Plus bas historique pour le moral des ménages |
Le moral des ménages français a reculé en mars à son plus bas niveau jamais atteint, l'indicateur qui le mesure reculant d'un point à -36 contre -35 en février, en données corrigées des variations saisonnières, a annoncé l'Insee vendredi. C'est la neuvième baisse consécutive de l'indicateur. Les perspectives d'évolution du niveau de vie en France s'améliorent encore en mars (-39 contre -41), mais l'opinion des ménages sur l'évolution passée du niveau de vie "continue de se dégrader" (-71 contre -69), note l'Institut national de la statistique. |