Impôts - L'étau se resserre sur les riches fraudeurs

Selon Eric Woerth, Bercy enquête sur une liste de "quelques centaines de noms" en liaison avec le scandale international de fraude fiscale via le Liechtenstein.

Depuis le lancement d'une enquête sans précédent en Allemagne, le nombre des pays concernés va s'accroissant.

- le 26/02/2008 - 19h14 

La France dispose actuellement d'une "liste de quelques centaines de noms" de personnes concernées par l'affaire de fraude fiscale via le Liechtenstein, a déclaré mardi Eric Woerth, sur la chaîne Public Sénat. "Tout cela doit être regardé très sérieusement et nous lancerons les contrôles", a souligné le ministre du Budget, ajoutant qu'ils iraient "jusqu'au bout". C'est la première fois qu'un membre du gouvernement est aussi précis sur les implications françaises de ce scandale international : jusqu'alors, la Direction générale des impôts, plutôt discrète, avait simplement fait savoir qu'elle enquêtait sur d'éventuels cas, après avoir reçu des informations privilégiées liées à la traque sans précédent lancée en Allemagne.

Comme la France, d'autres Etats ont fait savoir qu'ils avaient déjà leur propre liste de suspects. Dernière en date à se manifester, l'administration fiscale australienne enquête sur "vingt cas" de possible fraude fiscale via le Liechtenstein, a annoncé mardi le gouvernement australien. Le vice-ministre italien de l'Economie a relevé pour sa part un "nombre considérable" d'Italiens sur la liste que Rome a reçue. Les autorités américaines ont ouvert des enquêtes sur "plus de cent contribuables". Selon le Financial Times, le Royaume-Uni, sans passer par l'Allemagne, aurait pour sa part acquis des informations sur une centaine de riches Britanniques directement auprès de l'informateur à l'origine du scandale, pour quelque 100.000 livres (133.000 euros).

Le Danemark choqué par la méthode

En tout, une dizaine de pays au moins sont déjà concernés. Mais dans certains Etats, la méthode choque : c'est le cas au Danemark, où le ministre des Impôts s'est déclaré opposé à l'idée d'acheter des informations sur des fraudeurs du fisc comme vient de le faire l'Allemagne à un citoyen du Liechtenstein, estimant que cela posait "un problème moral".

En Allemagne, où cette enquête aux ramifications internationales a démarré, la justice annonce déjà avoir pris dans ses filets plus de 160 contribuables indélicats. Le procureur du parquet de Bochum, qui chapeaute l'enquête allemande, a indiqué lors d'un point de presse que les services fiscaux ont déjà récupéré quelque 27,8 millions d'euros auprès de 91 fraudeurs qui ont reconnu les faits et de 72 personnes qui se sont elles-mêmes dénoncées dans l'espoir d'échapper à des poursuites. "La somme (récupérée) croît chaque jour", a affirmé le magistrat, qui a confié que rien que pour l'Etat de Rhénanie-Westphalie, l'enquête était menée par huit procureurs et 139 enquêteurs fiscaux.

D'après agence