Le plan banlieux 2008

Une annonce en grande pompe

Nicolas Sarkozy doit présenter, vendredi 8 février à 11 heures, son très attendu plan "Espoir banlieue", une de ses principales promesses de campagne. Une cérémonie solennelle est prévue à l'Elysée, devant un millier de personnes, dont des habitants de banlieue, des associations, des élus et des chefs d'entreprise. Les députés socialistes ont décidé qu'ils ne viendraient pas. "Ce n'est rien d'autre qu'un show de campagne électorale", a estimé Jean-Marc Ayrault, leur chef de file à l'Assemblée.

L'enjeu est important pour le chef de l'Etat, qui s'est engagé, lorsqu'il était candidat, à lancer "un grand plan Marshall de la formation pour tous les jeunes des quartiers". Une fois élu, il en avait confié le pilotage à l'emblématique secrétaire d'Etat à la ville, Fadela Amara.

Retards, couacs et "grandes lignes". Alors que Fadela Amara prévoyait de présenter son plan aux côtés du chef de l'Etat, le 22 janvier à Vaulx-en-Velin (Rhône), Nicolas Sarkozy a indiqué, en début d'année, que le détail des mesures serait finalement annoncé début février. L'idée étant, selon un conseiller de Mme Amara, de lui laisser le temps de "doper ses propositions". Mais le 14 janvier, la ministre du logement, Christine Boutin, dont dépend le secrétariat d'Etat à la ville, avait déclaré dans La Croix qu'elle "ne croi[t] pas en un plan banlieue, mais en une autre politique de la ville".

Après cette cacophonie, il convient donc de jouer l'unité : Mme Boutin viendra à Vaulx-en-Velin pour l'annonce des "grandes lignes" du plan "Espoir banlieue". La secrétaire d'Etat à la ville a indiqué que son plan sera concentré sur une centaine de quartiers "les plus difficiles", avec trois priorités : insertion par le travail, lutte contre l'échec scolaire, désenclavement. Elle a annoncé la création de 45 000 emplois en trois ans et un financement d'un milliard d'euros, chiffres "manquant peut-être de prudence", a corrigé la ministre du travail. "Toutes mes propositions n'ont de sens que si l'on engage une réforme de la fiscalité locale, vers davantage de solidarité partagée", a insisté Mme Amara, le 22 janvier.

Les mesures qui devraient finalement être prises. Le 8 janvier, Nicolas Sarkozy assure que le plan sera "extrêmement ambitieux". En visite le 21 janvier à Sartrouville (Yvelines), il a indiqué qu'il prévoit "des mesures spécifiques" pour les jeunes ayant quitté l'école. "On ne laissera tomber personne. A une condition : que celui à qui on trouve une formation et dont on a fait le diagnostic se donne le mal de se lever le matin. C'est donnant-donnant", a-t-il dit, reprenant une de ses formules de campagne.

Le plan devrait finalement comprendre trois axes : emploi, éducation, désenclavement des quartiers. Le site Mediapart, qui s'est procuré le document de travail sur le plan, indiquait, jeudi après-midi, qu'il devrait comporter 33 propositions qui "donnent la priorité à l'éducation et à l'emploi des jeunes". Mais il s'agirait surtout"d'élargir ou de renforcer les dispositifs existants". Si des dépenses nouvelles sont évoquées, leur financement ne l'est pas, écrit le site. La réforme de la fiscalité locale jugée nécessaire pour augmenter les moyens des communes pauvres n'apparaît pas à l'ordre du jour. Selon le conseiller de Nicolas Sarkozy sur les questions de diversité, Rachid Kaci, "l'argent existe, mais il faut mieux le déployer. Peindre des cages d'escalier alors qu'on sait qu'il faut raser n'a pas de sens".

Le Monde.fr


07/02/2008
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