Pouvoir d'achat - Matières premières, un simple prétexte ?

Les prix du blé et du lait mis en avant par les industriels ne peuvent expliquer seuls la hausse des produits alimentaires en magasin.

Si les cours du blé continuent à flamber, le lait a retrouvé des niveaux de prix classiques.

Olivier LEVARD avec agences - le 26/02/2008 - 18h44 

Le blé de Minneapolis flambe. Lundi, ses cours se sont envolés de 25% en une seule journée. Cette céréale de qualité supérieure, utilisée en particulier pour la production de pain et de pâtes,  a vu ses cours plus que doubler depuis le début de l'année et multipliés par quatre depuis un an. C'est beaucoup plus que le blé "classique", de Chicago, qui n'a fait "que" doubler sur la même période.

Cette hausse brutale donne de l'eau au moulin des industriels de la boulangerie et des pâtes qui déclarent ne faire que la répercuter sur les étiquettes de leurs produits. L'argument est valable mais il a aussi bon dos. Le meilleur exemple est cette fois le lait. Tout le monde s'est alarmé de son envolée en 2007 mais la décrue des cours a fait beaucoup moins de bruit. Comme le notent les Echos ce mardi, grâce à un ajustement de la production, les prix de gros du beurre et de la poudre de lait "ont pratiquement retrouvé leurs niveau antérieur à cette envolée". Rien qui justifie donc les augmentations record (entre 10% et 30%) des yaourts, du camembert, ou de  lait UHT qui font les gros titres de la presse depuis une semaine.
 
Sarkozy choisit le porc
 
Nicolas Sarkozy y est allé de son couplet ce mardi dans l'Allier en choisissant l'exemple de la filière porcine : "Je vois bien que le prix des denrées alimentaires a augmenté. Je ne comprends pas, le prix qu'on verse aux producteurs de porcs diminue et le prix du jambon explose", a illustré le président de la République. "Il y a quand même un lien entre le porc et le jambon, à ma connaissance, je ne suis pas un petit gars de la campagne mais quand même c'est monté jusqu'à mon cerveau", a ajouté Nicolas Sarkozy
 
Ces propos font échos à ceux de la Fédération nationale porcine (FNP) qui note que "les éleveurs de porcs subissent une crise sans précédent depuis un an, avec un prix du porc aux alentours de 1,20 euro le kilo depuis de nombreux mois, nettement inférieur à l'année 2006, et très nettement en dessous des coûts de production". 
 
Bruxelles propose des solutions
 
La Commission européenne a elle aussi implicitement pointé du doigt le rôle des distributeurs et intermédiaires dans l'envolée du prix des denrées alimentaires en Europe. "On a constaté des hausses assez importantes dans les supermarchés" de l'Union européenne, a reconnu le porte-parole de la Commission chargé des questions agricoles. Mais pour Michael Mann,  "dans le prix du pain, les céréales ne représentent que 5% du prix total, cela veut dire que certaines augmentations ne sont pas justifiées par l'augmentation des prix des produits de base".
 
Sur le plan de la politique agricole, il a estimé que l'Union européenne avait déjà agi pour augmenter l'offre en levant l'obligation de mise en jachère de terres céréalières, en suspendant les droits de douane sur les importations de céréales dans l'UE, ou en proposant d'augmenter de 2% les quotas laitiers.
 
En matière de respect de la concurrence dans le secteur de la grande distribution, la Commission a renvoyé sur les autorités nationales pour enquêter sur d'éventuels soupçons d'entente sur les prix. C'est précisément le but de l'opération "coup de poing" annoncée par les services du ministère de l'Economie pour déceler "les abus" qui ont mené à la flambée des prix des produits alimentaires.



26/02/2008
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